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PLAINE
VUE
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pas évident…
», explique-t-il. C’est l’albâtre
qui se prête le mieux à ces créations fines
et tout en transparence. Les contours d’un
violoniste baptisé « L’envol des notes », la
représentation du « Vaisseau Fantôme » au
cœur des voiles et des tourbillons tiennent
une place de choix au milieu de ses
dernières créations. «
L’albâtre offre une
belle transparence. Il permet de jouer avec
la lumière. Je suis parfois surpris des tons
de rose qu’il révèle
». Cette légèreté, Martial
la retrouve également avec l’étain qu’il
façonne. «
Il y a quelques années, mes créa-
tions étaient essentiellement figuratives.
Aujourd’hui, je privilégie l’abstrait. J’aime les
courbes et les volumes pleins
».
Les amateurs de sculpture sont nombreux
à pousser chaque jour la porte de l’atelier de
la rue des Bouchers. Pour discuter quelques
minutes avec l’artiste, ou pour lui passer
commande. «
J’ai réalisé cette année deux
bustes de jeunes filles, commande passée
par leurs parents. J’ai travaillé sur photos
».
Le Groupe Phillips lui a confié la réalisation
d’un buste de Voltaire, qui trône aujourd’hui
dans les locaux de son siège social à
Suresnes. Et parmi les commandes les plus
originales, ce Christ en croix de 2 mètres de
hauteur, en laiton et étain, que l’on peut
admirer à l’église de la Framboisière.
Le carillon de la porte vient de sonner.
Céline, une élève de Martial, passe en voi-
sine. Elle en profite pour apporter la touche
finale à sa dernière création en terre cuite.
Au passage, elle jette un œil sur le travail du
« maître ». «
J’aime bien demander des avis
extérieurs
», avoue le sculpteur. Une tren-
taine d’élèves fréquente assidûment ses
cours. Deux fois par mois, ils travaillent
d’après modèles vivants. «
Les trois quarts
de mes élèves sont des personnes à la re-
traite. Il règne une ambiance particulièrement
conviviale dans les cours. Chacun peut
pratiquer le modelage selon son niveau
». Et
c’est dans l’univers particulier de la boutique
atelier que chacun laisse s’exprimer son
talent. Sur les murs, les outils anciens de
sculpteurs (gradines, gouges, ciseaux plats
et langues d’aspic) semblent contempler
d’un œil bienveillant le travail des artistes en
herbe. «
Mes élèves travaillent la terre ou la
pierre. Je leur apprends à maîtriser les
volumes, les hauteurs, les proportions…
Mes premiers cours sont souvent consacrés
au visage
».
Plus que jamais inspiré par la musique,
Martial Moulin entend bien continuer sur
cette lancée. «
Ma prochaine œuvre sera
consacrée aux « Murmures de la forêt
», tiré
de Siegfried, opéra de Wagner, «
il faudra
jouer sur les voiles, la transparence, les
courbes
», rêve déjà le sculpteur.
Christine Le Bourdonnec