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ayant pignon sur rue. Il y aurait encore beau-

coup à dire sur le sujet quand on sait que le

centre historique de Chartres fut essentielle-

ment construit en pierre de Berchères.

En ce qui concerne l’exploitation du site, les

carriers avaient recours à des procédés bien

connus qui consistaient à creuser sous le

banc pour permettre aux blocs de se détacher

plus facilement. Dans le même temps, plu-

sieurs trous percés à la barre à mine étaient

reliés par une rigole. On versait de l’eau sur

des coins de bois introduits dans les trous. La

dilatation du bois provoquait ainsi la découpe

du bloc. La pièce était enfin équarrie et char-

gée sur un fardier tiré par des bœufs dont la

force de traction était supérieure à celle des

chevaux de l’époque. Le charroi prenait alors

« le chemin des carriers » qui, pense-t-on,

devait rejoindre Chartres au niveau actuel des

Trois Ponts avant d’affronter la rude montée

vers la cathédrale par le faubourg Saint-Brice.

Quasi abandonnée au début du XX

e

siècle, la

carrière retrouva une activité après la Seconde

Guerre mondiale quand un marbrier chartrain,

bien connu sur la place, remit à l’honneur la

pierre de Berchères. À son actif, on lui doit un

nouveau procédé de coupe au fil métallique.

Les plus anciens d’entre nous se souviennent

de son installation rue Victor Gilbert à Char-

tres. Cette méthode permettait de créer des

dalles de parement et de placage. Réalisés en

1960, l’Hôtel de Ville et la bibliothèque de

Chartres, récemment détruits, avaient des

murs recouverts de ces dalles. À l’époque,

certains n’hésitaient pas à qualifier ces pierres

polies de « marbre de Beauce »…

Afin que nul n’oublie cette pierre aux qualités

incomparables, des Berchérois ont créé, il y a

dix ans, une association pour rappeler ces

pratiques ancestrales qui ont permis la

construction de monuments prestigieux dont

la cathédrale est le plus beau fleuron. Le site

de la carrière se visite de nos jours grâce au

travail de bénévoles qui ont ouvert des chemins

vers le front de taille. La découverte du banc

de pierre, actuellement protégé, est particuliè-

rement impressionnante et émouvante. En

effet, comment ne pas penser à tous ces

hommes qui ont sué sang et eau pour extraire

ce calcaire avec des moyens, certes astucieux

et efficaces, mais limités ? On imagine l’activité

qui régnait alors dans la carrière. Le danger

était permanent et des accidents devaient être

fréquents. Selon la tradition, la foi sans faille

des hommes de ce temps serait, seule, à l’ori-

gine de l’édification de tous ces monuments

à vocation religieuse. Pourtant, historiquement

parlant, il faut nuancer cette affirmation car